Les Instruments

Le « Nangnat hé » ou  « Ranat Ek »

De la famille des idiophones et de la classe des lamellophones, ce xylophone aux lamelles de bois peut être rencontré sous diverses formes dans l’ensemble des pays d’Asie du Sud-Est d’où il puise ses origines. Sous cette forme on le retrouve joué tant en Thaïlande qu’au Cambodge. L’instrument mesure environ 1,20 m de long. La forme de la caisse de résonance rappelle celle d’un bateau ; posée sur un socle carré, elle comporte en ses extrémités deux panneaux de bois encaissés et pointus, pourvus chacun de deux crochets auxquels est noué le cordage d’un jeu de 21 lames de bois de rose « mai ching chan », d’environ 38 cm de long par 5 cm de large et 1,5 cm d’épaisseur. Les extrémités de ces lames sont percées chacune de deux petits trous que traverse la corde afin de maintenir l’ensemble des lames en position adéquate. L’accordage précis des lames se fait par l’application de cire d’abeille sur leur partie inférieure. Elles sont frappées à l’aide de maillets aux manches fins, aux extrémités desquelles sont enfilés des anneaux de peau non tannée, tissés de fils de soie grossiers et gainés d’une lamelle de cuir épais.

 

 

Le « nangnat houm » 

Appelé aussi ranat houm, le nangnat houm est un autre xylophone, au registre plus grave que lenangnat hé. Faite d’un bois plus épais, la caisse est plus grosse, et le socle plus large. Les lames ne sont qu’au nombre de seize et légèrement plus larges, de fait la largeur de l’instrument est la même que celle du nangnat hé. Il en va de même de son accordage, mais une octave en dessous.

 

 

 

Le « pat kong » ou « kong wong »

Le pat kong, plus communément dénommé khong wong est fait d’un jeu de seize petits gongs de bronze bulbés, suspendus horizontalement sur une structure circulaire en rotin.  On en rencontre des variantes dans toute l’Asie du Sud-Est, y compris au Myanmar et au Vietnam. Frappés au moyen de mailloches semblables à celles du nangnat hé, les gongs ont un diamètre qui varie de 17 à 20 cm environ, et leur accordage correspond à celui des lames du nang na hé. Le musicien s'assied à l'intérieur de l'armature circulaire pour en jouer ; les gongs les plus graves se situent sur sa gauche et les plus aigus sur sa droite. Au sein du pinphat, le pat kong peut improviser à loisir sur les mélodies du nangnat hé.

 

 

Le « kong that »

 

D’origine khmère, le kong that est constitué d’une paire de tambours en tonneau, tendus chacun de deux membranes en peau de buffle tannée d’environ 80 cm de diamètre, clouées à la caisse. Du fait de leur épaisseur et du faible taux d’humidité, les peaux ne se détendent que très peu. Les deux tambours sont maintenus inclinés sur des cadres de bois, afin de permettre au musicien de jouer assis sans trop lever les bras. Deux grosses baguettes faites d’un bambou plein servent à la frappe, grave et puissante, qu’on entend de loin lorsque la musique est jouée en plein air. La place du kong that est essentielle dans les pièces à caractère guerrier, notamment dans les séquences du Phralak Phralam et spécifiquement dans la dance des Niaks (géants).

 


Le « that phon »


Semblable au dholak indien, le that phon est un tambour en tonneau à deux faces, posé sur un socle de bois. On le retrouve dans les orchestres lao, thaï, et khmer. Il est destiné à accompagner le chant et la danse, notamment dans les séquences du Ramayana, où il est alors associé au kong that. La frappe se fait à mains nues, la gauche pour les sons grave et la droite pour les aigus. Il est taillé dans une seule pièce de bois évidée, légèrement conique et bombée. Deux membranes de peau sont tendues sur ses faces à l’aide d’un double jeu de cordelettes. Chaque peau est recouverte d’une pastille de couleur noire, faite de farine mêlée de poix, qui contribue à modifier le timbre du tambour.

 

 

 

Le « Sing »

 

Très proche des mangiras indiennes, le sing  ou  xing  sont deux cymbalettes de bronze épais et bombées. Elles sont reliées par une cordelette pour une plus efficace préhension. Le jeu ouvert et fermé marque le tempo au même titre qu’un bourdon habituellement et logiquement fait de cordes… L’instrument est haut en fréquence et d’un puissant niveau sonore.

 


 

Le « Soy I »

 

Le soy i est une viole verticale à deux cordes accordées en quinte. Sa forme laisse supposer qu’il est originaire de Chine, et même peut-être des steppes mongoles. Sa caisse de résonance, en bois décoré, est petite et oblongue, et sa table d’harmonie, très fine, a un diamètre d’environ 8 cm. Quant au manche, il est cylindrique et sa tête est taillée en forme de plume. Le sillet est un simple anneau fixé à l’extrémité supérieure du manche. Les deux cordes, désormais en nylon, sont frottées par un archet recourbé, dont la mèche de crin est insérée entre elles. Le soy i se joue assis au sol, posé sur la cuisse du musicien.

 


 

Le « Soy O »

Le soy o est une autre vièle à deux cordes, au jeu semblable à celui du soy i, mais à la sonorité plus grave (« o » signifie « bas », alors que « i » veut dire « haut »). Contrairement à ce dernier, sa caisse de résonance est une coque de noix de coco évidée, traversée de part en part par le manche, et sa table d’harmonie est faite d’une fine peau de chèvre sur laquelle repose un sillet de chevalet fait d’un petit coquillage blanc.